PAROLES D’EXILÉES
Un homme vient s’entretenir avec des demandeurs d’asile. Trois femmes : une algérienne,
une tchétchène, et une daghestanaise sont en face de lui. Placées dans une structure
d’accueil française, elles attendent la réponse de l’administration française.
Dans cette petite pièce, elles semblent intimidées, perdues. Elles ne se connaissent pas. Elles
ont du mal à s’exprimer en français.
L’homme leur explique qu’il vient les rencontrer, qu’il veut connaître leur pays, leurs
coutumes, leur histoire.
Alors, petit à petit, elles se mettent à parler. De tout. Du temps, de l’attente, de leur angoisse,
de leur passé, de leur présent, de leur futur et de leur sacrifice.
Ces trois femmes que tout semble séparer vont se découvrir alors une force commune,
réunies par leur parcours de vie.



Durée : 50 minutes | 4 comédiens | 4 pupitres
Note d’intention
« Les humains doivent se reconnaître dans leur humanité commune, en même
temps que reconnaître leur diversité tant individuelle que culturelle. »
Edgar Morin
À la base de ce projet, un constat de l’AFEJI (association nordiste qui a pour unique but et
ambition de lutter contre toutes les formes d’exclusions) : sur le site de La Phalecque, Centre
d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA), de nombreuses cultures cohabitent sans qu’il y
ait de réels échanges, ni entre celles-ci ni avec la culture d’accueil. La barrière de la langue,
les psycho-traumatismes de chacun, les éventuelles peurs de l’autre, les différences dans
les modes de vie quotidienne sont autant de potentielles limites dans la communication
interculturelle tant entre les résidents eux-mêmes qu’entre les résidents et l’équipe
éducative.
La volonté première de l’AFEJI a été de de travailler autour de l’inter-communauté et de
créer un espace de rencontre convivial, d’échanges et de libre expression entre les
différentes personnes accueillies au sein de la structure. L’autre finalité de ces rencontres
était : d’avoir une trace écrite qui puisse être jouée. Trois femmes : une algérienne, une
daghestanaise et une tchétchène ont participé à des entretiens menés par le metteur en
scène, Nicolas Serluppus, de janvier à mai 2013, à raison de 2 à 3h toutes les semaines,
parfois autour de petits déjeuners ou déjeuners, au sein du CADA, sur le site de La Phalecque
à Lompret (59).
Chacune des rencontres a été un moment unique, qui a permis de créer du lien en se
servant de ce que ces trois femmes connaissent, de ce qu’elles sont, et de ce qui les définit.
Chaque participante a été invitée à partager ce qui lui plaît : des anecdotes, des recettes, les
musiques qu’elle affectionne, tout était sujet à l’ouverture et au langage. Ces moments ont
vraiment été l’occasion de réunir des personnes de cultures diverses qui ne se fréquentent
pas toujours au sein de la structure et de partager ensemble un moment de convivialité.
Aujourd’hui, la volonté de l’association Toutes Nos Façons D’Être… est d’abord de rendre hommage
à ces trois femmes, dignes des grandes figures des tragédies grecques, ensuite de révéler
au plus grand nombre la beauté de ces échanges dans lesquelles la diversité culturelle
prend tout son sens.
Interprétée par quatre comédiens professionnels, cette lecture spectacle s’articule autour
du parcours de ces trois femmes : Rachida, Selina et Ludmilla(1) issues de pays différents qui vont échanger avec un animateur, Claude, autour de leur culture, leur coutume, et puis de
leur parcours de vie.
1.pour des raisons d’anonymat, les prénoms ont été volontairement changés
